Les origines des venture studios

octobre 2023

Le concept de venture studio ne date pas d’hier. Il faut retourner en 1996 dans la Silicon Valley avec l’incubateur Idealab fondé par Bill Gross pour trouver la genèse du concept. Bill Gross a lancé Idealab avec le rêve de créer une version moderne du laboratoire de Thomas Edison, où il pourrait tester des idées, puis en faire des entreprises distinctes. Ces entreprises auraient leurs propres équipes de gestion et leurs propres fonds, tout en bénéficiant d’expériences et de ressources partagées. Idealabs est toujours en opération avec un bilan enviable de 150 startups créées et plus de 50 PAPE à son actif après 25 ans d’opération.[1]

 

Chronologie des venture studios

On a dû attendre plusieurs années pour que ce modèle se répande à d’autres organisations. À la fin des années 2000, le concept de venture studio a été repris par des entrepreneurs technologiques à succès qui, comme Bill Gross, désiraient trouver un moyen d’appliquer leur expertise en matière de création d’entreprise tout en poursuivant plusieurs nouvelles idées de startup en parallèle plutôt que de concentrer sur une seule. Ces entrepreneurs voulaient se concentrer exclusivement sur la phase initiale de ce processus soit celle de la découverte et de l’expérimentation d’un nouveau modèle d’entreprise et de la mise en place d’une nouvelle organisation. Le modèle de venture studio était la solution évidente. Selon le Global Startup Studio Network, l’évolution des venture studios peut se décliner en trois vagues de développement[2].

Source : ENHANCE White paper

 

La première vague a eu lieu entre 2007 et 2010 avec la création de Betaworks, Rocket Internet, goKart Labs, et quelques autres. Betaworks a été le premier studio d’importance à transposer ce concept dans l’ère post-bulle Internet en tant que véritable studio de création d’entreprise.

C’est toutefois lors de la deuxième vague (entre 2011 et 2012) que le concept connait son véritable essor, avec la création de studios comme Science Inc, Prehype, eFounders, et plus de 80 autres.

Source : https ://publishizer.com/startup-studio-playbook/

 

Aujourd’hui, nous en sommes à la troisième vague, qui aurait débuté entre 2013 et 2019 et qui, à ce jour, a vu la création de centaines de studios à travers le monde, dont les plus importants sont High Alpha et Pioneer Square Labs. L’entrée en Bourse de Snowflake en 2020, une entreprise provenant du studio américain Sutter Hill Ventures, a mis les projecteurs sur le modèle des venture studio[3]. Selon certaines sources, on dénombre aujourd’hui plus de 560 venture studios dans 40 pays, représentant une croissance de 625 % entre 2013 et 2021.[4] L’Amérique du Nord compte pour plus de 50 % de venture studio dans le monde, mais le concept connait présentement une croissance importante en Europe. Certaines sources affirment même qu’en moyenne un nouveau studio voit le jour par mois. Ainsi, le modèle de venture studio est émergeant certes, mais très dynamique.

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Pourquoi avons-nous décidé de faire un dossier sur le venture studios?

Le concept de venture studio, également connu sous le nom startup studio, startup foundry ou venture builder, gagne rapidement en popularité à travers le monde du capital de risque, et le Québec n’y fait pas exception. En discutant de ce concept avec les membres de Réseau Capital nous en sommes venus au constat que ce modèle unique qui allie création de startup et financement peut contribuer, de manière complémentaire, à bonifier des maillons importants de la chaîne de financement comme le deal-flow, le recrutement de la main-d’œuvre, l’implication des grandes entreprises dans le capital risque, le recyclage de talents et la commercialisation de la recherche. Tous des maillons qui, à l’heure actuelle, sont des défis importants pour la chaîne de financement du Québec.

En effectuant quelques recherches, nous avons découvert que le Québec dispose d’une communauté de studios en pleine effervescence dont plusieurs sont, à notre humble avis, des secrets trop bien gardés. Ainsi, nous avons décidé de mettre en lumière ces studios bien de chez nous. Dans ce portrait, nous explorerons le paysage de ces organisations, les opportunités que présente ce modèle et les acteurs québécois qui l’ont adopté.

Nous tenons à remercier Gille Duruflé et Sébastian Boisjoly de la Station FinTech pour leur collaboration à ce dossier.