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Les 8 avantages d’un venture studio
Les venture studios offrent plusieurs avantages aux startups et aux entrepreneurs, ainsi qu’aux investisseurs et aux grandes entreprises impliquées.
Découvrez les principaux avantages des venture studios.
1. La vélocité et la qualité des startups
La vélocité est le plus grand avantage d’un studio. La vélocité se traduit premièrement par la rapidité à laquelle les studios écartent ou accélèrent la croissance de leur concept. Du fait de leur architecture opérationnelle unique, les studios sont conceptualisés pour accélérer de manière prononcée, et même de manière exponentielle, la trajectoire de ses créations (le succès ou l’échec). Il y a beaucoup d’essais et d’erreurs, mais ils ont lieu dans un environnement contrôlé et les délais sont courts entre la naissance d’une idée et la décision de la mettre en œuvre ou de l’abandonner. Les studios opèrent selon le principe que d’écarter ou de faire pivoter rapidement un concept avant même qu’il devienne une startup améliore la qualité des startups qui émergent du processus et réduisent considérablement le risque d’échecs futurs. L’accompagnement stratégique soutenu et continu permet quant à lui d’accélérer la croissance des startups incubées et les positionner dès leur création vers une stratégie de sortie réussie.
La vélocité se traduit également par la rapidité avec laquelle les startups obtiennent du financement et réalisent leur sortie. Plusieurs venture studios possèdent un ou des fonds dédiés pour appuyer financièrement leurs startups. Également les studios disposent généralement des relations étroites avec des investisseurs. Cela permet aux startups d’accéder plus facilement à des sources de financement supplémentaires et d’élargir leur réseau d’investisseurs potentiels. Au Québec, l’exemple de Dialogue en est une bonne représentation de la vélocité obtenue avec un studio. Dialogue a été créée par Diagram et Cherif Habib en 2016. Son premier appel public à l’épargne (PAPE) s’est effectué en mars 2021[1], soit 5 ans après sa création. Selon les données de Réseau Capital, la durée moyenne avant de réaliser un PAPE pour une startup québécoise en sciences de la vie est de 10,44 ans et de 9,20 ans au Canada. Ainsi, l’IPO de Dialogue s’est réalisé 50 % plus rapidement que la moyenne québécoise et 44 % plus rapidement la moyenne canadienne.
Une récente étude américaine effectuée par Max Pog sur le sujet abonde également en ce sens. L’un des constats de cette étude est que les startups issues de venture studios parviennent à atteindre les rondes de financement d’amorçage (seed) deux fois plus rapidement par rapport aux startups conventionnelles (1,49 contre 3,03 ans). Précisément, ils atteignent la Série A (2,75 contre 4,68 ans) 41% plus rapidement que les startups conventionnelles, 44 % pour la Série B (3,7 contre 6,65 ans) et 47 % pour la Série C (4,59 contre 8,67 ans)[2].
Source: Max Pog’s Big Startup Studios Research
En ce qui concerne les sorties, les constats de l’étude de Max Pog supportent également les thèses de sorties plus rapides des startups issues de studio que les startups conventionnelles. Sur un échantillon de 182 acquisitions de startups issues de venture studios et de 22 introductions en bourse (PAPE), l’étude indique qu’il faut en moyenne 5 ans aux startups issues de venture studio pour une acquisition, soit 33 % plus rapidement que les startups conventionnelles, et 7,5 ans pour une introduction en bourse (PAPE), soit 31 % de moins de temps[3].
2. Taux de réussite des startups
Une étude menée par le Global Startup Studio Network (GSSN) en 2020 portant sur 23 venture studios de premier plan a révélé que sur les 415 entreprises qu’ils ont créés, seules 9 % ont échouées, 3 % ont réalisées une sortie et les 88 % restants sont toujours en activité.[4] Selon cette même étude, les startups issues d’un venture studio ont un taux de réussite supérieur de 30 % à celui des startups traditionnelles. En outre, 84 % des startups issues d’un venture studio obtiennent un financement d’amorçage et 72 % d’entre elles atteignent la série A (contre 42 % des entreprises traditionnelles).[5] En fin de compte, 60 % des entreprises créées à partir de studios atteignent le stade de la série A[6]. Il est important de noter que, malgré des résultats préliminaires prometteurs, le modèle est encore jeune et les recherches sur le sujet sont rares. Il est donc encore trop tôt pour en tirer des conclusions fermes sur la performance ce modèle.
3. Qualité de l’équipe et le recyclage de talent
Les venture studios fonctionnent selon la prémisse que le succès attire le talent, et que le talent à son tour engendre plus de succès. Par conséquent, les venture studios sont généralement organisés par des entrepreneurs en série qui ont connu du succès dans le passé. Leur offrir un environnement qui leur permet de se concentrer uniquement sur les phases initiales de la création de startups tout en leur offrant l’opportunité de travailler sur une variété de concepts différents sont des arguments uniques au venture studio.
L’une des principales valeurs ajoutées d’un studio est l’injection rapide de talents de qualité dans un environnement où la prise de risque et l’audace sont valorisés. Il s’agit en quelque sorte d’émuler le phénomène de la « mafia de PayPal »[7]. Cette particularité joue également un rôle d’attraction des talents quand vient le temps de recruter des fondateurs et gestionnaires pour les startups du studio. Cet atout peut également jouer un rôle de recyclage des talents important. En outre, certains studios jouent un rôle de rétention et de concentration des meilleurs talents locaux. Au Québec, Diagram incarne bien cet atout avec un alignement impressionnant d’entrepreneurs à succès au sein de son équipe en tant qu’associés, tels que Pierre Donaldson (nGUVU, Aheeva Technology, Planora), Frederic Latreille (Garda Background Screening Solutions, SkyMotion), et Steve Schultz (Check). Un autre exemple québécois est celui de Michael Mee, directeur général de Pre-Amp, qui possède cinq ans d’expérience en tant qu’associé chez Flagship Pioneering.
En fonction de la localisation, cet atout peut devenir crucial pour un écosystème lorsque le bassin de talents de haute qualité est limité. Il peut également servir à attirer et à retenir des talents dans un vertical particulier comme la FinTech, les biotechnologies ou le DeepTech.
4. Transfert technologique et commercialisation de la recherche
L’acquisition de propriété intellectuelle par des firmes étrangères est un enjeu canadien bien connu[8]. Les studios de commercialisation basés sur les propriétés intellectuelles peuvent être des courroies efficaces de transfert technologique issues de la recherche publique. Bien que les recherches spécifiques sur l’efficacité des venture studios dans la commercialisation de la propriété intellectuelle soient limitées, les avantages inhérents du modèle des studios, tels que l’accès aux ressources, à l’expertise et aux réseaux, suggèrent que les studios de commercialisation peuvent jouer un rôle positif dans le transfert de technologies. Au Québec, les studios peuvent évidemment être un modèle efficace de financement et de commercialisation pour les propriétés intellectuelles issues des universités, mais également pour celles issues des cégeps via les centres collégiaux de transfert de technologie (CCTT)[9] et des centres de recherche.
D’ailleurs, ce modèle semble non seulement efficace pour valoriser notre propriété intellectuelle, mais peut également être utilisé comme importateur de propriétés intellectuelles prometteuses issues d’autres juridictions. TandemLaunch en est le parfait exemple, leur recherche de propriétés intellectuelles universitaires n’ayant pas de frontières. En effet, les partenariats conclus depuis la dernière décennie ne se limitaient pas seulement aux universités québécoises et canadiennes, mais également des institutions prestigieuses des États-Unis et de l’Europe. Il sera également intéressant de suivre les activités de QV Studio à Sherbrooke qui vise également à importer et développer des propriétés intellectuelles liées au quantique au Québec.
5. Atténuation des risques
Selon une étude de CB Insights effectué en 2021, voici les 5 raisons les plus souvent soulevées pour expliquer l’échec d’une startup :
- manque de capital (38 %);
- manque de besoin pour leur produit (35 %);
- concurrence supérieure (20 %);
- modèle d’affaires déficient (19 %);
- une équipe inadaptée au projet (14 %)[10].
Les venture studios fournissent aux startups une plateforme de soutien qui leur offre un accès à un large éventail de ressources, telles que des financements initiaux, des infrastructures, des services de soutien administratif (back-office), du personnel dédié au recrutement de fondateurs (founder flow), des conseils d’experts et des réseaux de contacts. Cela permet aux startups de se concentrer sur leur développement et leur croissance, en minimisant les obstacles liés à la recherche de financements et à la gestion opérationnelle. Ainsi, l’architecture opérationnelle des studios est conçue pour atténuer un grand nombre de ces causes d’échecs.
6. Collaboration, mise en réseau et répétition
Les venture studios créent un environnement collaboratif où les startups peuvent interagir, partager des idées et collaborer avec d’autres entrepreneurs. Ajoutez à ceci que plusieurs venture studios ont tendance à se spécialiser dans un secteur ou un vertical précis. Ainsi, ces deux éléments favorisent les opportunités de collaboration, de partage de connaissances et d’échange de bonnes pratiques, ce qui peut conduire à des partenariats stratégiques, à des synergies et à des possibilités de croissance mutuelle.
Un autre atout des studios est qu’ils permettent aux entrepreneurs en série de se concentrer sur ce qu’ils font le mieux : imaginer, itérer, prototyper et tester de nouveaux produits.
Bref, les studios se distinguent par l’élaboration et la vérification incessante d’hypothèses. Ce système de création en boucle et en parallèle de startups nichées dans un même secteur permet au studio de réduire les risques d’échecs, d’accroître les connaissances, d’accumuler les expériences ainsi que de mutualiser les ressources.
7. Fondateurs
Les venture studios conviennent bien aux entrepreneurs expérimentés qui souhaitent développer un nouveau produit. L’équipe du venture studio a déjà identifié un besoin, élaboré un produit, identifié un marché et, souvent, identifié de premiers clients éliminant ainsi une grande partie des risques initiaux d’une nouvelle startup. En contrepartie de ce risque moindre, le venture studio occupe une place importante sur la table de capitalisation (cap table).
8. Retour sur investissement
Comme mentionné dans le point précédent, le fait d’avoir atténué le risque initial permet généralement au studio de prendre une participation privilégiée sur la table de capitalisation à titre de fondateurs ou cofondateurs de leurs startups. Selon le Global Startup Studio Network (GSSN) les venture studios possèdent de 15 % à 80% des capitaux initiaux des startups. La participation moyenne des studios se situe à 34 %[11]. Les fondateurs individuels obtiennent en moyenne 50 % des capitaux et le reste est utilisé pour les options d’achat des employés[12]. Cette même source affirme que le taux de rendement interne (IRR) est en moyenne de 53 % pour une startup créée en studio comparativement à une moyenne de 21,3 % pour une startup traditionnelle.[13] Selon plusieurs sources consultées, lors du premier appel public à l’épargne (PAPE) de Snowflake, Sutter Hill Ventures (le venture studio qui a créé Snowflake) détenait 20,3 % des actions en circulation de l’entreprise. Au total, la participation de Sutter Hill équivalait à 12,6G USD, un rendement remarquable pour un investissement total de moins de 200 millions de dollars.[14]
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Pourquoi avons-nous décidé de faire un dossier sur le venture studios?
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Nous tenons à remercier Gille Duruflé et Sébastian Boisjoly de la Station FinTech pour leur collaboration à ce dossier.